Page:Marty - Les principaux monuments funéraires.djvu/280

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bon ou quand il tremblait sous lui. Il corrigeait avec un soin particulier les imperfections du drame, et il était le collaborateur le plus actif de l’auteur qui lui confiait un rôle. On pourrait rappeler à ceux qui douteraient de sa grande facilité à composer un ouvrage dramatique, que Nourrit a écrit les ballets de la Sylphide et du Diable boiteux.

Qui pourrait croire qu’Adolphe Nourrit, le premier sujet, le principal appui du premier théâtre de l’Europe, un de ces artistes exceptionnels comme on n’en rencontre plus aujourd’hui, a été victime d’une basse jalousie qui l’a forcé de s’expatrier pour éviter les dégoûts dont on l’abreuvait ? Personne ne le croira, et néanmoins il faut bien y ajouter foi, puisque l’évidence nous a convaincus d’une si affreuse vérité. C’était trop peu de l’exil d’un homme qui n’a jamais causé la moindre peine à qui que ce fut : les cabales, la haine, l’injustice, l’ont suivi sur la terre étrangère. Il jouait dans Norma, au théâtre de Naples : deux coups de sifflet se firent entendre… Nourrit en fut accablé, son imagination s’exalta. Rentré chez lui, il écrivit à sa femme une lettre déchirante, puis il se précipita d’un quatrième étage !!! Malheur à qui a pu réduire un artiste aussi remarquable, un père de famille aussi vertueux, à de si terribles extrémités ! C’est le 8 mars 1839, à six heures du matin que Nourrit, qui n’avait pas trente-sept ans, a perdu la vie. Ses restes ont été transportés de Naples au cimetière de Montmartre et inhumés entre ceux de son père et de son épouse, qui n’a pu lui survivre.

Le monument d’Adolphe Nourrit (l’un des plus remarquables du cimetière de Montmartre ) se compose d’un soubassement et d’un piédestal surmonté d’un cénotaphe en marbre blanc, à la façade duquel est sculpté dans un médaillon le portrait du défunt. Au-dessous du médaillon on lit :

A Aphe NOURRIT.
SES AMIS.

Sur le piédestal sont gravées les inscriptions suivantes :

ICI RÉPOSENT
ADOLPHE NOURRIT,
ADÈLE DUVERGER,
né a montpellier,
son épouse, née a metz,
le 3 mars 1802,
le 26 janvier 1803,
décédé a naples,
decedee a paris,
le 8 mars 1839.
le 8 aout 1839.
ALEXIS-ADOLPHE NOURRIT,
leur fils,
né a paris, le 6 juillet 1839.
SPES EORUM IMMORTALITATE PLENA EST.

A la base du monument est une corbeille en pierre ayant la forme d’un sarcophage antique, dans laquelle sont plantées des fleurs.

Ce monument a été construit par M. Camus, marbrier, sur les dessins et sous la direction de M. Vaudoyer, architecte.