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JACQUES ET JOACHIM TRABUCHI.




Deux frères, unis pendant leur vie par la plus tendre amitié, et que la mort n’a pu séparer, reposent en paix dans cet asile du silence : un troisième frère qui leur a survécu a exprimé son amour fraternel et ses plus sincères regrets en érigeant un mausolée en leur mémoire, et s’est réservé une place, désignée à côté de ses aînés, afin d’être réuni un jour aux objets de ses plus chères affections.

Cette union inaltérable est le plus bel éloge des deux défunts et de l’homme de bien qui leur survit.

Tous trois originaires d’Italie, ils vinrent se fixer à Paris quelques années avant la révolution de 1789 : l’aîné, Jacques Trabuchi, y forma le premier établissement de fumiste.

Doué d’un talent supérieur dans un état presque inconnu jusqu’alors dans la capitale, et possédant surtout les précieuses qualités qui captivent la confiance, il parvint à obtenir de nombreux travaux dans les palais du gouvernement, dans les maisons royales et dans les principaux hôtels. A l’abri de toute concurrence, pouvant à peine suffire à la multiplicité des affaires qui abondaient chez lui de toutes parts, il sut, secondé par ses deux frères, fixer la fortune dans sa maison, et se félicitait d’une aussi heureuse prospérité lorsque, à l’âge de cinquante-quatre ans, par suite d’un excès de travail et de fatigues, l’impitoyable mort vint interrompre le cours d’une si belle carrière.

Ce fut Joachim Trabuchi qui lui succéda : devenu chef de l’établissement, il soutint honorablement la réputation que son aîné s’était acquise. Doué du même zèle et de la même aptitude au travail, il le dirigea habilement pendant vingt-sept ans, et mourut à son tour sans avoir eu le temps de jouir des faveurs de la fortune. Ils sont inhumés au cimetière de Montmartre.

Le monument que M. Trabuchi a fait élever à ses deux frères est d’un style élégant, et se distingue des autres par son ingénieuse construction ; il est composé d’un cippe élevé sur un stylobate et sur une base octogone, et surmonté d’un couronnement orné de sculpture, au milieu duquel est placée une chouette sur une branche de cyprès.