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Mlle BOURGOIN.




Mlle Bourgoin (Thérèse) débuta sur la scène française le 28 novembre 1801, dans le rôle de Mélanie, drame de Laharpe.

Élève de Mlle Dumesnil, cette jolie actrice eut le début le plus brillant. Redemandée par le public à la fin du spectacle, elle fut accueillie avec le plus vif enthousiasme, et reçue sociétaire sans être mise à l’essai ; ce qui, depuis nombre d’années, était sans exemple.

Elle avait à la scène de la sensibilité, de la décence, et l’organe le plus doux. À cette époque, on lui appliqua ces deux vers de Racine dans Phèdre :

Quelles sauvages mœurs, quelle haine endurcie
Pourrait en vous voyant n’être point adoucie ?

Mlle Bourgoin fit suivre ce premier début de plusieurs autres également favorables : elle joua le rôle de Chimène du Cid d’une manière admirable : sa figure charmante et mille qualités précieuses, dont plusieurs étaient dues à sa jeunesse, confirmèrent les espérances qu’elle avait fait naître.

Dans Iphigénie en Aulide, elle avait une ingénuité si séduisante, un débit si sage, que le public, enchanté toutes les fois qu’elle paraissait dans ce rôle, lui prouvait son ravissement par des applaudissemens réitérés.

Néanmoins Mlle Bourgoin, qui avait été si favorablement accueillie dans la tragédie, possédait beaucoup plus d’élémens de succès pour paraître dans la comédie ; son regard charmant, sa gaîté naïve, son aimable sourire, qui étaient des défauts chez l’austère Melpomène, étaient des qualités essentielles dans le domaine de Thalie ; ceux qui s’intéressaient a sa prospérité lui conseillèrent de débuter sur la scène comique qui la réclamait, et qui exigeait précisément les avantages précieux dont elle était douée.

Elle parut dans la comédie, le 18 mars 1806, dans Isabelle de l’École des Maris, et le génie de Molière ne fut pas moins favorable à son nouveau début, que ne l’avait été précédemment celui de Racine ; par ses dispositions naturelles et son excellente tenue, elle obtint des suffrages d’autant plus unanimes, que l’Aristarque