Page:Marx - Misère de la philosophie.djvu/53

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M. Proudhon continue à développer cette antithèse :

En ma qualité d’acheteur libre, je suis juge de mon besoin, juge de la convenance de l’objet, du prix que je veux y mettre. D’autre part, en votre qualité de producteur libre, vous êtes maître des moyens d’exécution, et, en conséquence, vous avez la faculté de réduire vos frais. (Tome Ier, page 42.)

Et comme la demande ou la valeur en échange est identique avec l’opinion, M. Proudhon est amené à dire :

Il est prouvé que c’est le libre arbitre de l’homme qui donne lieu à l’opposition entre la valeur utile et la valeur en échange. Comment résoudre cette opposition tant que subsistera le libre arbitre ? Et comment sacrifier celui-ci, à moins de sacrifier l’homme ? (Tome Ier, page 51.)

Ainsi, il n’y a pas de résultat possible. Il y a une lutte entre deux puissances pour ainsi dire incommensurables, entre l’utile et l’opinion, entre l’acheteur libre et le producteur libre.

Voyons les choses d’un peu plus près.

L’offre ne représente pas exclusivement l’utilité, la demande ne représente pas exclusivement l’opinion. Celui qui demande n’offre-t-il pas aussi un produit quelconque ou le signe représentatif de tous les produits, l’argent, et en offrant ne représente-t-il pas, d’après M. Proudhon, l’utilité ou la valeur en usage ?