Page:Marx - Salaires, prix, profits.djvu/14

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ouvrière dépense, et doit forcément dépenser, son revenu en articles de première nécessité. Une hausse générale du taux des salaires occasionnerait donc une augmentation de la demande et, par conséquent, une hausse du prix courant de ces articles. Les capitalistes qui produisent ces objets de première nécessité, par la hausse des prix courants de leurs marchandises se rembourseraient de la hausse des salaires. Oui, mais les autres capitalistes, ceux qui ne produisent pas les articles de première nécessité ?… Et ne vous figurez pas qu’elle soit peu nombreuse, cette catégorie de capitalistes. Si vous réfléchissez que les deux tiers de la production nationale sont consommés par le cinquième de la population, — un membre de la Chambre des Communes a dit dernièrement par le septième, — vous comprendrez que la production nationale doit se composer, dans une immense proportion, d’objets de luxe ou de produits échangés contre des objets de luxe, et aussi qu’une énorme quantité d’objets de première nécessité mêmes doit être gaspillée à l’entretien de la valetaille, des chevaux, des chats et ainsi de suite. Ce gaspillage, nous le savons par expérience, diminue et devient toujours très limité quand s’élèvent les prix des articles de première nécessité.

Voyons donc quelle serait la situation des capitalistes qui ne produisent pas ces articles. À la baisse du taux des profits, qui aurait suivi la hausse générale des salaires, ils ne trouveraient aucune compensation. Ils ne pourraient élever le prix de leurs marchandises, puisque la demande de ces marchandises n’aurait pas augmenté.