Page:Marx - Travail salarié et capital, 1931.djvu/109

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courants de haut et de bas, comme s’ils signifiaient quelque chose de fixe, alors qu’il est tout à fait évident que l’on ne peut qualifier des salaires de hauts ou de bas que comparativement à un étalon d’après lequel on mesure leur grandeur.

Il sera incapable de me dire pourquoi on paie une certaine somme d’argent pour une certaine quantité de travail. S’il me répondait : « La chose est établie par la loi de l’offre et de la demande », je lui demanderais par quelle loi l’offre et la demande sont réglées elles-mêmes. Et une telle réponse le mettrait aussitôt hors de combat. Les rapports entre l’offre et la demande de travail sont soumis à des modifications constantes et avec elles se modifient les prix du travail sur le marché. Si la demande dépasse l’offre, les salaires montent ; si l’offre l’emporte sur la demande, les salaires baissent, bien qu’il soit nécessaire, en pareille circonstance, d’éprouver l’état réel de la demande et de l’offre, par exemple, par une grève ou toute autre méthode. Si vous considérez l’offre et la demande comme la loi qui règle les salaires, il serait aussi puéril qu’inutile de déclamer contre l’élévation des salaires, car d’après la loi suprême que vous invoquez, l’augmentation périodique des salaires est aussi nécessaire et aussi justifiée que leur baisse périodique. Mais si vous ne considérez pas l’offre et la demande comme la loi régulatrice des salaires, je reprends encore une fois ma question : Pourquoi donne-t-on une certaine somme d’argent pour une certaine quantité de travail ?

Mais examinons la question d’un autre point de vue : Vous seriez tout à fait dans l’erreur si vous admettiez que la valeur du travail ou de toute autre marchandise est, en dernière analyse, déterminée par l’offre et la demande. L’offre et la demande ne règlent pas autre chose que les fluctuations momentanées des prix du marché. Elles vous expliqueront pourquoi le prix du marché pour une marchandise s’élève au-dessus ou descend au-dessous de sa valeur, mais elles ne peuvent jamais expliquer cette valeur elle-même. Supposons que l’offre et la demande s’équilibrent ou, comme disent les économistes, se couvrent ré-