Page:Marx et Engels - Le manifeste communiste, I.djvu/12

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verdit d’un premier gazon. Moins que jamais, depuis sa mort, il ne peut être question de faire du manifeste une refonte ou de lui donner un supplément. Mais j’ai jugé d’autant plus nécessaire de fixer expressément une fois encore les points suivants.

L’idée fondamentale qui traverse le Manifeste, c’est que la production économique et la différenciation sociale des hommes qui, à chaque époque de l’histoire, résulte d’elle avec nécessité, forment la base de l’histoire politique et intellectuelle de cette époque. C’est aussi que (depuis la dissolution de l’ancienne propriété commune du sol) l’histoire entière a été une histoire de luttes de classes, de luttes entre classes exploitées et exploiteuses, dirigées et dirigeantes, à quelque degré de développement social qu’elles fussent d’ailleurs, les unes et les autres, parvenues ; c’est enfin que cette lutte est parvenue maintenant à une phase où la classe exploitée et opprimée (le prolétariat) ne peut plus s’affranchir de la classe exploiteuse et oppressive (la bourgeoisie), sans affranchir à tout jamais la société entière de toute exploitation, de toute oppression et de toute lutte de classes. Cette idée fondamentale est la propriété unique et exclusive de Marx[1].

  1. Dans la préface à la traduction anglaise du Manifeste, j’ai ajouté ce qui suit : « Cette idée, dans mon opinion fera faire à la science de l’histoire le progrès que la théorie darwinienne a fait faire à l’histoire naturelle. Nous avions approché peu à peu de cette idée tous deux, plusieurs années déjà avant 1845. Mon livre sur La situation des classes laborieuses en Angleterre montre jusqu’où j’étais