Page:Marx et Engels - Le manifeste communiste, I.djvu/41

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la société ancienne affecte une violence et une brutalité telles qu’un petit groupe de la classe dirigeante se détache de cette classe et se joint à la classe révolutionnaire, à qui l’avenir appartient. Comme autrefois une partie de la noblesse passa à la bourgeoisie, ainsi de nos jours une partie de la bourgeoisie passe au prolétariat ; et c’est le cas notamment pour un certain nombre d’idéologues bourgeois qui se sont élevés jusqu’à l’intelligence théorique de l’ensemble du mouvement historique.

26. De toutes les classes qui de nos jours s’opposent à la bourgeoisie, le prolétariat seul est une classe vraiment révolutionnaire. Les autres classes s’étiolent et périssent devant la grande industrie ; le prolétariat émane d’elle comme son produit le plus authentique.

Les classes moyennes (Mittelstände), le petit industriel, le petit commerçant, l’artisan, le paysan, ne combattent la bourgeoisie que pour sauvegarder leur existence de classes moyennes menacées. Elles ne sont pas révolutionnaires par conséquent, mais conservatrices. Bien plus, elles sont réactionnaires. Elles tentent de faire rétrograder la roue de l’histoire. Ou si elles sont révolutionnaires, c’est en tant qu’elles discernent qu’elles sont condamnées à se fondre dans le prolétariat. Elles ne défendent pas alors leurs intérêts présents, mais leurs intérêts futurs. Elles quittent leur propre point de vue pour se placer au point de vue du prolétariat.

Quant à la canaille (Lumpenproletariat), à