Page:Marx et Engels - Le manifeste communiste, II.djvu/144

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marche et des résultats généraux du mouvement prolétarien ». Cette marche, ils ne la prescrivent pas, puisqu’elle ne peut être que « le mouvement spontané de l’immense majorité » (§ 29). Ils ne sont pas des réformateurs en chambre désireux de faire accepter une panacée, comme les utopistes d’autrefois. Leur souci se borne, après une étude complète et comparée des faits sociaux qui s’efforce de déterminer le sens et la vitesse des changements opérés à nos yeux, à pronostiquer le sens et la vitesse des changements futurs, et ils se demandent quelle situation est faite, par ces changements, au prolétariat.

Quel est donc le rapport des communistes au prolétariat ? Celui de la conscience claire à l’action réflexe et instinctive. Cette conscience, comme en tout organisme vivant, n’existe d’abord qu’en un petit nombre de centres. Elle ne supplée pas à la sensibilité, ni à la réaction motrice, mais plutôt elle fait partie intégrante de l’appareil sensori-moteur. Elle permet une meilleure adaptation au milieu, contribuant à la fois à une élaboration plus complète des données sensibles et à une coordination plus parfaite des mouvements. Ainsi le communisme accueille les observations et les douloureuses données de la sensibilité prolétarienne, et, les élaborant, il combine les réactions de résistance qui offrent le plus de chance de survie. La bourgeoisie, elle aussi, a ainsi un organisme cérébral : sa bureaucratie, son état-major d’hommes d’État, sa prêtrise, sa science offi-