Page:Marx et Engels - Le manifeste communiste, II.djvu/167

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ne craint pas de se couvrir, quoique ce soit une parure de son ennemi vaincu, un vestige féodal, la propriété par droit de naissance et non par droit de capacité[1] » ?

4o La confiscation des biens de tous les émigrés et rebelles imite une mesure analogue de la Révolution française. On a vu plus haut que la bourgeoisie est l’institutrice révolutionnaire du prolétariat (§ 32).

B) Le programme économique offre un mélange non moins confus.

5o La bourgeoisie capitaliste se divisant en deux fractions hostiles, les financiers et les fabricants, il est clair qu’on obtiendra aisément l’alliance des seconds pour l’expropriation des premiers. La centralisation du crédit par le moyen d’une banque nationale constituée avec les capitaux de l’État avec monopole exclusif, fut une idée saint-simonienne sur laquelle insista Bazard. Qu’il fallût constituer des capitaux à cette banque, c’est ce qui paraissait évident à Marx et à Engels dans l’état présent de la circulation fiduciaire. Ils s’élèvent d’avance contre la banque du peuple de Proudhon, qui « peut et doit opérer sans capital ». Mais la réserve métallique privée des banques à privilège étant devenue l’arme de la féodalité financière, il fallait, pour mettre un terme à l’agiotage, que cette réserve fût d’État.

6o On a vu l’importance que le marxisme, après Pecqueur, attache aux voies de communication (§ 3, 8). « S’il arrivait, disait le livre des

  1. Bazard. Doctrine saint-simonienne, p. 159.