Page:Marx et Engels - Le manifeste communiste, II.djvu/212

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lations politiques entre les hommes et les sentiments qui les accompagnent (sentiment de nationalité, de religion, idées générales) ne naissent que de la nécessité où se trouvent les hommes divisés en classes, de vivre ensemble dans un état de paix contrainte. Il y a une ou plusieurs classes opprimées qui servent d’outil aux classes dirigeantes et qui travaillent pour ces classes comme l’instrument inorganique travaille pour l’homme en général.

Le matérialisme constate que l’homme s’adapte au milieu, et donc à l’outil, comme il transforme le milieu par l’outil lui-même. C’est pourquoi, en dernière analyse, les classes exploiteuses devront s’adapter aux classes exploitées, leur outil nécessaire, ou périr. Cette suprématie des classes travailleuses se complétera à mesure que la nature elle-même sera vaincue par l’outillage scientifique, c’est-à-dire industriel ; et comme cette adaptation de l’homme à la nature est spontanée, la fin de l’antagonisme entre les hommes est inévitable.

Elle n’est pas inévitable d’une nécessité fatale ; mais à la condition que les hommes veuillent ne pas périr, et le matérialisme historique est un appel à leur énergie de vivre. Il amène une orientation de toute pensée vers la pratique et de toute pratique vers l’organisation réfléchie.

D’emblée il a exclu ainsi le dogmatisme. Il ne peut s’enfermer en des formules immobiles. Il absorbe en lui la teneur de toutes les théories et le profit de toutes les expériences. Il institue,