Page:Marx et Engels - Le manifeste communiste, II.djvu/29

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nécessaires à l’alimentation, au gite confortable, au vêtement. Répartition injuste et qui fait qu’il y a sur la terre autant d’hommes injustes qu’il y a de riches. Être riche, c’est posséder des moyens de goûter plus de joies qu’on n’a de besoin, sans travailler. Cela est criminel tant qu’il y a des pauvres (p. 12) et le travail même des prolétaires se consacre surtout à produire les objets de ce luxe criminel.

Les besoins urgents du prolétaire, l’organisation sociale n’y pourvoit point. On a arrangé les salaires ouvriers de telle sorte qu’ils ne suffisent à donner au travailleur qu’une part médiocre des denrées les plus mauvaises. Les intermédiaires prélèvent sur lui un tribut ruineux. Les usuriers le grugent. Le riche seul achète à bon marché et emprunte à bon compte. Et par surcroît les ouvriers s’aveuglent sur ce qui peut remédier à leur misère. Ils s’en prennent aux machines ; et il est vrai que, dans l’état social présent, elles sont malfaisantes. Car elles jettent sur le pavé, en foule, les ouvriers qu’elles rendent inutiles ; et les salaires dont elles permettent de faire l’économie, se consacrent à accumuler de nouveaux capitaux, c’est-à-dire de nouveaux privilèges pour les paresseux et les jouisseurs. Ainsi la machine, destinée à faciliter le travail de l’ouvrier et qui certes sera un jour son émancipatrice, a accru sa misère sans diminuer son labeur. Peut-être même a-t-elle permis d’allonger sa journée de travail (p. 14).

Quelles causes à ce désordre de l’inégale