Page:Marx et Engels - Le manifeste communiste, II.djvu/35

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la combinaison de l’éducation et de la production matérielle ne sont pas sans doute des idées personnelles de Weitling. Il ne fait que recueillir des formules courantes, mais à son tour il les accrédite dans cette Fédération des Justes, où Marx les retrouvera. Le programme marxiste les retient à titre de mesures transitoires. (§ 53, art. 1, 3, 7, 8, 10.) Et il n’y a pas jusqu’à cette promptitude au coup de main, quand l’œuvre de propagande pacifique est épuisée, qui ne demeure sympathique à Marx, aux heures mêmes où il la juge impolitique.

Le coup de main eut lieu vraiment, les 12 et 13 mai 1839 où la Société des Saisons couvrit de barricades le quartier de l’Hôtel-de-Ville. Comme tout le parti de Barbès, la Fédération des Justes y périt. Parmi les Allemands affiliés qui furent condamnés, on peut atteindre les noms de quelques héros obscurs. Austen (Rudolf-August-Florenz), bottier, né à Dantzig, âgé de 23 ans, « après s’être battu avec un tel acharnement qu’on en parlait beaucoup dans le moment du combat », fut ramassé derrière la barricade de la rue Greneta percé d’un coup d’épée et de plusieurs coups de baïonnette[1]. Il guérit miraculeusement et fut condamné à quinze ans de réclusion. Daniel Mayer, ferblantier, né à Deux-Ponts, âgé de 28 ans, fut capturé lors de l’attaque par les insurgés de la mairie du VIIe arrondissement et condamné à la même

  1. Cour des Pairs, procès des 12 et 13 mai 1839. Rapport de Mérilhou, t. I, p. 216. Le récit personnel de l’accusé, Ibid., t. II, p. 58.