Page:Marx et Engels - Le manifeste communiste, II.djvu/64

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1. Ce Manifeste, tout d’abord, le Congrès communiste, et avec lui Marx et Engels, qui parlent en son nom, le motivent. La publication qui en est faite marque une ère nouvelle du mouvement prolétarien. Les adversaires, dans le cauchemar où ils vivent du communisme, n’en connaissent ni les visées ni la force. Il s’agit de leur en faire voir l’aspect réel et le danger, qui n’est pas où ils le cherchent. Le communisme nouveau n’est pas un « spectre » qui hante les ténèbres. Il ne trame pas de conspirations. « Conspirer, disaient dès 1834 les républicains eux-mêmes, avec Raspail, c’est le fait de la minorité[1] ». La révolution sociale sera le « mouvement spontané de l’immense majorité » (§ 29). Elle fera désormais publiquement sa propagande et la mobilisation de ses forces.

Elle aura raison de la résistance des adversaires par la force de ce mouvement spontané et irrésistible. Les « policiers allemands » qui ont empêché le Journal allemand de Bruxelles d’entrer en Allemagne, qui ont traqué jusqu’en Suisse les groupes de la Fédération des Justes, incarcéré Weitling et obtenu de la France, après la suppression du Vorwärts, l’expulsion brutale de Marx, seront impuissants à arrêter la commotion en quelque sorte géologique par laquelle « le prolétariat, couche inférieure de la société présente, se soulèvera » (§ 29). Les radicaux français, même préoccupés de réformes

  1. V. Tchernoff. Le parti républicain sous la monarchie de Juillet, p. 259.