Page:Marx et Engels - Le manifeste communiste, II.djvu/68

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l’existence d’un prolétariat. Ce fait précis une fois expliqué, des conséquences s’en déduisent sans effort, touchant le déséquilibre social actuel et la manière de rétablir un équilibre social futur. Mais, en essayant de donner cette explication spéciale, Marx et Engels avaient trouvé une méthode générale d’explication, une sociologie. À l’origine de la division sociale des classes, il y a la forme de la production économique. La condition sociale d’un chacun dépend de la place qu’il occupe dans cette production. L’ensemble des hommes de la même condition forme une classe. Ces classes en présence, et qui ont dans la production, une place différente, qui leur assigne aussi dans la répartition des parts inégales, entrent en lutte à cause de ces intérêts en litige. L’histoire politique et intellectuelle tout entière n’est pas autre chose que cette lutte des classes. C’est l’aphorisme, qui ouvre le Manifeste (§ 2), et que Frédéric Engels donne, avec les raisons sociologiques où il se fonde, pour une « propriété unique et exclusive » de Marx (Préface de 1883, p. 8).

L’affirmation d’Engels, présentée avec cette raideur, ne laisse pas de soulever des objections. Loin d’être neuve, cette philosophie qui découvre que tout le contenu de l’histoire est une série de luttes de classes estime des parties les plus vieilles de la tradition socialiste.

N’avait-elle pas été très vivante dans cette Fédération des Bannis, où Théodore Schuster l’avait exprimée éloquemment ; et dans la Fédé-