Page:Marx et Engels - Le manifeste communiste, II.djvu/76

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

se meuvent sous l'action des lois économiques et se détruisent par leur violation[1]. ». Mais ces lois sont les lois de la production. « Le progrès de la société se mesure sur le développement de l’industrie et la perfection des instruments[2]. » Sans doute Proudhon n’a pas poussé à bout cette idée. Il pense que « l'ordre politique se manifeste le premier et prélude à la création de l’ordre industriel », mais aussi que les sociétés périssent « quand elles font mépris des fonctions industrielles », comme le Sénat romain oublia d’organiser l’agriculture, et Carthage l’industrie[3]. Le problème historique essentiel, « puisque toute société débute par l’antithèse du patriciat et du servage », serait de contrer comment « le prolétariat grandit et supplante à la fin l’aristocratie » ; de dégager la loi de révolution du prolétariat. « Cette loi complexe ne peut se trouver que dans la science économique[4]. » Proudhon le soutient, mais, selon Marx, le Système des contradictions économiques n’a pas apporté cette loi. Marx et Engels à leur tour, en cherchent la « haute et difficile formule ».

Marx pousse à bout la pensée devant laquelle Proudhon avait reculé. C’est l’ordre industriel

  1. Cette démonstration a été faite par David Koigen. Zur Vorgeschichte des modernen philosophischen Sozialismus, p. 252 sq. — Proudhon. Création de l’ordre, pp. 453, 468, 483, 484.
  2. Ibid, 336.
  3. Ibid, pp. 467-477.
  4. Ibid, p. 442.