Page:Marx et Engels - Le manifeste communiste, II.djvu/79

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

tion même du mot de « forces productives » connu des seuls disciples de List, et que Marx emploie avec tout le cortège d’idées économiques dont, chez List, il s’accompagne.

L’essentiel, pour une société, est, selon List, d’éveiller les « forces productives » dont elle recèle le germe. Il n’y a d’autre différence essentielle entre les civilisations que celle des « forces productives » dont elles usent. Elles sont pastorales, agricoles, commerçantes et manufacturières : et toute leur civilisation, même intellectuelle dépend de ces ressources matérielles dont elles vivent. Mais le plus haut degré de civilisation aujourd’hui accessible à une nation est celui où s’unissent la manufacture et le commerce. Or, c’est là une situation où ne se maintiennent que les nations manufacturières, Celui-là peut commercer toujours qui détient les industries productives, puisqu’il lui suffit pour cela de construire les moyens de transport et que la perfection des moyens de transport est en raison de l’outillage industriel. Mais on peut toujours évincer du commerce les nations qui se bornent à faire de l’entremise sans fabriquer elles-mêmes : on les évincera d’autant plus sûrement qu’on améliorera plus vite qu’elles le réseau des voies et les véhicules de transport.

Historiquement, dans cette évolution, la création des grandes voies de communication transocéaniques est la première ; et la première bourgeoisie capitaliste est celle des grandes publiques maritimes, des grandes compagnies portugaises, génoises, vénitiennes, han-