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renz Steïn avait écrit un livre profond, bien connu de Marx et estimé de lui [1], où était établie cette thèse que parmi les classes sociales en présence et en lutte, celle-là seule a, en droit public, la prépondérance et est à la fois capable et obligée de prendre le pouvoir, qui remporte par la quantité des richesses et par l’espèce de richesse caractéristique d’une époque économique. Mais Marx et Engels les premiers offrent une explication sociologique de ce qui chez Bazard, Vidal et Slein demeure simple aperçu.

Tout d’abord les conditions mêmes de la lutte des classes reçoivent de révolution constatée, avant même qu’on l’explique, un éclaircissement. S’il est vrai que celte évolution dure, sans être achevée, il n’y a pas que deux classes en présence. La bourgeoisie «refoule à l’arriere-plan» les autres classes (§ 4), mais elle ne les extirpe pas du coup. Les classes vaincues ont laissé des résidus. Ni la bourgeoisie ni le prolétariat ne sont donc constitués entièrement. Ainsi, a vrai dire, il n’y a jamais dans une société présente qu’une couche sociale qui réunisse toutes les attributions impliquées dans le mot classe: c’est la classe dirigeante. Au demeurant, il y a des classes qui montent et des classes qui descendent. Et à proportion qu’elles sont encore loin de la cime du pouvoir ou qu’elles. en sont déjà déchues, il leur manque

  1. L. Stein. Der Sozialismus und Communismus des heutigen Frankreich, 1842, pp. 63, 355. - Sur ce livre, v. les articles de Marx contre Grün dans le Westphœlische Dampftboot (1845), réédités par Struve (Neue Zeit, 1895, t. I).