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Femmes, considérées comme des êtres moraux et raisonnables, doivent tacher d’acquérir les vertus, ou les perfections humaines par les mêmes moyens que les hommes, et ne pas être élevées comme une espèce enfantine, une moitié d’être, suivant le paradoxe de Rousseau[1].

  1. La recherche des vérités abstraites et spéculatives, des principes, des axiomes, dans les sciences, tout ce qui tend à généraliser les idées, n’est point du ressort des Femmes ; leurs études doivent se rapporter toutes à la pratique ; c’est à elles à faire l’application des principes que l’homme a trouvés, et c’est à elles de faire les observations qui mènent l’homme à l’établissement des principes. Toutes les réflexions des Femmes, en ce qui ne tient pas immédiatement à leurs devoirs, doivent tendre à l’étude des hommes, ou aux connoissances agréables qui n’ont que le goût pour objet ; car, quant aux ouvrages de génie, ils passent leur portée ; elles n’ont pas non plus assez de justesse et d’attention pour réussir aux sciences exactes ; et, quant aux connoissances physiques, c’est à celui des deux qui est le plus agissant, le plus allant, qui voit le plus d’objets ; c’est à celui qui a plus de force, et qui l’exerce d’avantage, à juger des rapports des êtres sensibles, et des lois de la nature. La Femme, qui est foible, et qui ne voit rien au-dehors, apprécie et juge