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l’amour, et ne sont les maîtresses de leurs maris, qu’autant qu’elles ont de prise sur leur affection. Ce sont ces sortes de Femmes, qu’on peut considérer comme de jolis défauts dans la nature, elles qui paroissent avoir été créées, non pour jouir de la société de l’homme, mais pour l’empêcher de tomber dans une brutalité absolue, en polissant son caractère, et en donnant, par leurs charmes attrayans, quelque dignité à l’appétit sensuel qui le porte vers elles. — Gracieux auteur de l’espèce humaine, n’as-tu créé la Femme, cet être suceptible de te connoître et retracer ta sagesse dans tes ouvrages ! ne l’as-tu créée, dis-je, que pour cette destination ? Doit-elle se persuader qu’elle n’existe que pour se soumettre à l’homme son égal, envoyé comme elle dans le monde pour acquérir la vertu ? Doit-elle consentir à ne s’occuper qu’à lui plaire ; à n’être qu’un ornement sur la terre, quand son ame est susceptible de s’élever à toi ? Peut-elle se résoudre à n’avoir de raison qu’autant que l’homme veut bien lui en accorder, lorsqu’elle peut arriver comme lui au sommet des connoissances humaines ?