Page:Masoin - Nadine, 1914.djvu/40

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Des larmes ou des cris ? Vois donc comme je tremble,
Comme un enfant la nuit ou les feuilles du tremble !
Que m’importent la vie et ses jours de soleil
Si tu n’es pas pour moi leur seul rayon vermeil ?
C’est toi ! toi que je veux. Que me font tes paroles,
Ta fortune, ton nom ? Accorde-moi l’obole
Seulement de ton cœur, c’est assez, et c’est tout !
Ta tante, si tu veux, nous la prendrons chez nous,
Et je serai son fils comme tu es sa fille.
Ne refuse donc pas mon cœur, je t’en supplie,
Car alors je croirais que tu ne m’aimes pas !

— Moi ! ne pas vous aimer ! Dites cela bien bas,
Car vous n’y croyez pas, vous ne pouvez y croire !
Comment serais-je ici, auprès de vous, à boire
La musique des mots si mon rêve amoureux
Sur leur aile d’azur ne volait avec eux ?
Mais ce rêve est trop beau, et les plus beaux des rêves
Sont ceux qui n’ont jamais abordé à la grève…
Croyez-vous amener à votre volonté
Celle de vos parents ? Vous serez rebuté…

— Mais s’ils y consentaient, dit Pierre, est-ce ma vie
Ouverte à l’espérance ?
ouverte à l’espérance ? — oui, dit la jeune fille,
À l’espérance et à l’amour !
À l’espérance et à l’amour ! — Alors, c’est dit,
Tu deviendras ma femme.
Tu deviendras ma femme.Et dans ses doigts il prit



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