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Page:Massé - À vau-le-nordet, 1935.djvu/140

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à vau-le-nordet

niés, n’utilisaient pas cet appeau de l’or ou des richesses pour éblouir le monarque, enquinauder la favorite, coucher le poil au ministre en vue de favoriser le développement de la colonie.

Certaines relations du temps ressemblent à s’y méprendre à des prospectus de nos promoteurs de compagnies minières. On dirait vraiment des rapports d’ingénieurs, de chimistes ou tels autres experts dans l’art de broder le canevas. Ça y ressemble étrangement et par la forme et par le fond et aussi par la nature purement imaginaire des mines ou des « prospects », comme on dit aujourd’hui. On y voit miroiter pépites et lingots que c’en est éblouissant même à cette distance.

J’avoue que j’avais toujours considéré Jean Talon comme un brave et honnête homme, mais depuis que j’ai su qu’il y était allé, lui aussi, de sa petite mine, il est tombé dans mon estime. Je veux parler de sa mine de charbon, à Kébec même. Voici comment il s’en ouvre au ministre :

Je viens présentement de faire l’essay d’une mine de charbon qui règne en plusieurs endroits du pied de la montagne sur laquelle Kébec est planté. J’ay trouvé qu’il chauffait la forge, quoy qu’il ne soit tiré que de la superficie pour que je puisse en envoyer à Monsieur de Terron si elle se vérifie bonne. J’en pourray tirer du fond pour lester et charger les vaisseaux qui retourneront d’icy en France fort souvent sans aucun frêt charge, en ce cas la Marine recevra de là un secours assez considérable ou pourra même se passer du charbon d’Angleterre. (13 novembre 1666.)

Talon nous en conte, c’est clair ! Pour une carotte de longueur, c’en était une ! Quand il