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Page:Massé - À vau-le-nordet, 1935.djvu/168

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à vau-le-nordet

— Phryné avait une façon autrement éloquente de convaincre les sceptiques. Il paraît qu’elle se laissait voir à ses juges dans toute sa splendeur, sans voile et sans artifices. Ah ! les magistrats de ce temps-là ne devaient pas s’embêter.

— Oui, mais à quoi bon donner des noisettes à qui n’a plus de dents… Il est vrai qu’on dit qu’un vieux four est plus facile à chauffer qu’un neuf.

— C. Q. F. D.

— C’est quoi ?… Je t’en prie, sois convenable, hein ?

— Et qu’a-t-il dit encore, le vieux coquard ?

— Il a déclaré que l’un des plus importants éléments de la beauté chez la femme ce sont les jambes et qu’il n’y a rien de si rare à Kébec qu’une belle paire de jambes ou qu’une paire de belles jambes.

— Jambée comme tu l’es, que ne lui as-tu prouvé le contraire ; il aurait été épaté.

— Ah ça ! tu t’imagines qu’il se prive de regarder, le vieux furet. Oh ! la la ! Je crois cependant qu’il a la vue gogote, je veux dire : basse.

— Mais justement, la vue basse, c’est bien ce qu’il faut pour contempler mollets et chevilles.

— Attends un peu, il a précisément parlé de mollets et de chevilles.

— Tiens ! tiens !

— Oui, il paraît que nos chevilles n’ont pas la bonne proportion, qu’elles sont ou trop minces ou