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Page:Massé - À vau-le-nordet, 1935.djvu/56

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à vau-le-nordet

Non seulement le pain, le vin, mais le logement et le vêtement, tout, tout vint à manquer et il fallut se débrouiller, c’est-à-dire compter sur Dame Nature aussi généreuse à ses enfants bien nés qu’elle est chiche à ses fils dénaturés. À la gêne se joignit le ressentiment des indigènes offusqués par le cynisme de ces Européens qui s’installaient ici comme chez soi.

Pour parer aux éventualités, les matelots construisirent un fort de palissades.

Sur ces entrefaites, se déclara le mholera scorbus qui décima l’équipage. Cartier se hâta d’aller consulter le docteur Wawarré qui avait sa clinique rue Sainte-Ursule, va sans dire. L’homme de l’art prescrivit ce que le codex huron dénomme « annedda ». C’était une manière de sirop à la gomme d’épinette assez semblable à celui que nous vendent les apothicaires, à cette différence près qu’il contenait de l’authentique gomme d’épinette et non de la teinture de benjoin composé.

La Faculté finit par triompher du mal, mais pas avant qu’il eût emporté quelques douzaines de Français qui, avec la gentille petite Hermine, ne devaient pas revoir le ciel de France.

Aussi, de bonne heure, le 6 mai au matin, beau temps, mauvais temps, Cartier remettait à la voile.

Pour prouver au noliseur Franciscus Primus que lui, Cartier, était bel et bien venu au Canada, il enleva par surprise le maire Donat Kona et deux