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Page:Massé - À vau-le-nordet, 1935.djvu/71

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félix maderleau
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attitudes lorsqu’il jugeait de mise ces artifices oratoires. Je ne l’ai jamais vu perdre la tête même au cours des discussions les plus acerbes.

Quand il jugeait bon de félir, c’est-à-dire de dénoncer des abus, de démasquer des hypocrites, il éjaculait, par-ci par-là, un énergique Tarieu ! qui, telle une soupape de sûreté, semblait le soulager comme d’un excès de compression intérieure. Quand il explosait tout à fait, c’est-à-dire quand il était au paroxysme de l’indignation et de la véhémence, il allait jusqu’à : Tarieu de Lanaudière !

Comme on le voit, Félix gardait un ton relevé, il avait le souci de sa dignité jusque dans le juron. Il prononçait de gros mots historiques ; il sacrait avec noblesse.

Bretteur infatigable, il était toujours prêt à dégainer pour ou contre une idée, à en découdre avec tout venant, à rompre une lance avec n’importe qui à propos de n’importe quoi. Pour lui, un homme qui se dérobait à la discussion était un insigne poltron, une poule mouillée ou un franc imbécile.

Je l’ai vu poser à l’anarchiste, au libre-penseur, au communiste, émettre des prétentions abracadabrantes, dire des énormités, tirer des coups de pistolet dans la rue, scandaliser les bien-pensants, ameuter les amis de l’ordre, toujours à seule fin d’amorcer un débat.

Il affectait volontiers beaucoup de pessimisme à