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Page:Massé - À vau-le-nordet, 1935.djvu/91

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Pauvre persil,_________
_________maudite grêle

[Récit tout aussi véridique et non moins extraordinaire que le précédent, où il est question de deux hommes dont l’un épargnait et dont l’autre n’épargnait point.]


Omer Latrime était un brave homme de comptable au Ministère de la Morale. Assidu, consciencieux, sobre, courtois, bref, la perle des fonctionnaires. Il habitait avec sa femme et ses trois enfants un modeste logis de la rue Saint-François.

Madame Latrime, ménagère industrieuse et économe, parvenait tant bien que mal à boucler le budget domestique avec le modique salaire de son mari. Payer le loyer, le combustible, les taxes, les assurances, le médecin, l’instruction des enfants et nourrir et vêtir cinq personnes avec 83,33 $ par mois, c’est accomplir un tour de force peu ordinaire.

C’est dire qu’on ne vivait pas à gogo dans le ménage Latrime. Une livre par mois de tabac Rose Quesnel était la seule douceur que se payât ce pauvre bougre de Latrime. Mais j’exagère, mon homme se permettait un autre luxe. Trop pauvre pour jamais entrer au théâtre ou au cinéma, il se rendait, une fois la semaine, pendant la belle sai-