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Page:Massé - Mena’sen, 1922.djvu/12

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lion rampant lampassé de sinople. Toutefois, ne nous laissons pas leurrer par semblable affistolure, car l’écu ment sans vergogne : Philippe de Rigaud n’a du lion que la crinière et encore est-elle postiche.

Dans l’orbite de cette nébuleuse gravitent des satellites de différentes grandeurs dont les plus notables sont François de Beauharnois, intendant ; Claude de Ramezay, sieur de la Gesse, gouverneur du Mont-réal ; René-Louis Chartier de Lotbinière, lieutenant-général civil et criminel à la prévôté ; François Prévost gouverneur des Trois-Rivières ; Hugues de Bernière ; Rouer de Villeray ; Morel de la Durantaye ; etc.

Voici, presque à l’écart, un groupe qui nous paraît fort sympathique, dont : Pierre Boucher, sieur de Boucherville, le « père » Boucher, toujours vert et robuste malgré ses quatre-vingt-deux ans ; son beau-frère, François Hertel, sieur de Chambly, le glorieux balafré de vingt batailles ; Nicolas Perrot, commandeur des nations de l’ouest ; etc.

Celui-là, là-bas, à qui on paraît témoigner tant de déférence, c’est Charles Aubert, sieur de la Chesnaye, le marchand le plus considérable de Kébecq. Près de lui est assis, vison-visu, un petit homme ni gras ni maigre, à physionomie mobile, insaisissable mais néanmoins, et à cause de cela peut-être, intéressante. Il y a du sphynx chez lui… ou du comédien. Est-ce, sur ses lèvres, un sourire bienveillant qui accueille ou bien une moue ironique qui rebute ? Ses yeux raillent-ils ou s’ils complimentent ? Nous ne saurions le dire tant leur expression indéfinissable se dérobe à l’analyse. Dieu nous garde de juger témérairement notre prochain,