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Page:Massé - Mena’sen, 1922.djvu/38

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Joseph Crevier, sieur de Saint-François, atteignait la quarantaine. C’était un beau type d’homme, grand, carré d’épaules et avec une figure empreinte de beaucoup de distinction. Ses traits n’étaient ni délicats ni particulièrement réguliers, mais son large front, ses yeux vifs et francs, ses lèvres énergiques lui composaient une physionomie vraiment imposante. Il avait grand air malgré sa démarche un peu lourde de gentilhomme campagnard.

L’habit ne fait pas le moine, c’est entendu, mais il relève décidément l’apparence. Lorsque, le dimanche, le seigneur Crevier arrivait à l’église, vêtu d’un argant de drap d’Elbeuf, portant chemise de toile de Rouen garnie de dentelles au col et aux manchettes, le chef coiffé d’un caudebec frais rebouisé et comme flambant neuf, gants de Niort, bas de Saint-Maxent et souliers à boucles, il faisait sensation et il se susurrait un murmure flatteur tout le long de la nef jusqu’à ce que le sieur Crevier eut pris place dans le banc réservé au seigneur.

Il y a des auteurs qui, vraiment, poussent l’indiscrétion un peu loin, qui s’introduisent sans façon chez les gens, reluquent dans tous les coins et pénètrent même jusques dans les communs pour surprendre ce que les domestiques débinent contre leurs maîtres.

Tout curieux que nous soyons, nous savons les égards qu’on se doit entre honnestes gens et nous nous gardons bien de pénétrer chez elles, à moins que la nécessité ou l’intérêt du récit ne nous y contraignent.

Si nous sommes entrés précédemment chez Maugras, c’est qu’on nous y conviait avec instance, tandis que le sieur de Saint-François est célibataire, peu expansif de sa nature et que Madame sa mère est allée visiter ses pauvres.