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Page:Massé - Mena’sen, 1922.djvu/41

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cherai pas le fond de ma pensée. Vous l’avez dit, le conseil qui a décidé la guerre a été bien mal avisé. C’est la paix, je dirai la paix à tout prix qu’il faut à cette contrée si l’on veut la conserver au royaume. On parle de développer l’agriculture et l’on invite l’incendie et le pillage. On prêche la colonisation et l’on provoque la terreur dans nos campagnes éloignées et mal défendues contre les incursions.

— Ah ! comme vous avez raison monsieur de Saint-François, et comme vous parlez bien là comme un vrai Canadien enraciné au sol.

— Voyez-vous, ces gens-là n’envisagent pas le bien de la colonie c’est au royaume qu’ils pensent, quoiqu’ils en disent… si ce n’est pas, hélas ! à leurs propres intérêts.

— Et pendant ce temps, ce sont nos milices canadiennes qu’on charge de la besogne la plus affaireuse tandis que les troupes se réservent la campagne d’été.

— Justement, et pourtant Dieu sait si nos gens ont fait des sacrifices, s’ils se sont montrés soumis et subordonnés. À quoi donc servent les travaux de nos missionnaires et de nos coureurs des bois, si les traiteurs gorgent les sauvages d’eau-de-vie pour aviver leur haîne et les déchaîner contre les Bastonnais !

— Ah ! monsieur Crevier, que n’étiez-vous présent à ce conseil dont vous parliez tantôt pour y faire entendre ce langage plein de fermeté et de prudence !

— Mon ami votre ignorance des choses du monde excuse votre naïveté. On ne convie de colons à ces colloques officiels que tout juste ce qu’il faut pour ménager certaines susceptibilités et sauver les apparences. Et encore sait-on