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Page:Massé - Mena’sen, 1922.djvu/62

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et enfants, aspergeant de sang les faces hideuses, sataniques des assassins.

Cependant, de Rouville, avec sa troupe de canadiens, s’était porté à l’attaque de la maison fortifiée où s’étaient retirés en toute hâte les miliciens de la bourgade et où habitait d’ordinaire le syndic de Deerfield.

Ici, la bataille avait été plus vivement disputée, à raison, sans doute, des méthodes sinon scientifiques du moins plus régulières des assiégeants. De Rouville désirait capturer des prisonniers. C’était sa tactique habituelle, estimant, comme disait plaisamment son frère, de Beaulac, qu’il ne faut pas vouloir la mort des hérétiques mais leur… rançon.

Cette stratégie faisait assez l’affaire de Monseigneur le Gouverneur dont les tailles n’étaient guère prisées et qui, comme on l’a vu, se préoccupait beaucoup de préparer les voies du Seigneur… de Vaudreuil.

Tant qu’on combattit dans l’obscurité, l’avantage resta aux assiégés qui opposaient une résistance opiniâtre aux assauts répétés des Canadiens. Bientôt cependant, la lueur de l’incendie qu’avaient allumé les sauvages éclaira la scène du combat et permit à de Rouville de disposer sa petite troupe à meilleur escient. Dès lors, la lutte changea d’aspect, la partie bientôt devint inégale et, désespérant de pouvoir rallier un plus grand nombre de combattants, les assiégés, après avoir tenté une dernière sortie, se rendirent à discrétion.

Cela mettait fin au combat. Les Abénaquis, assouvis de sang et de pillage, chargés de butin, ne se souciaient pas de courir sus