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Page:Massé - Mena’sen, 1922.djvu/68

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IX


Dès que se formèrent les premiers établissements dans ce Nouveau-Monde où les populations de l’Europe et de l’Asie auraient pu loger facilement, on constate, chez les nouveaux venus une frénésie d’expansion, une fièvre d’accaparement symptomatique de l’esprit dominateur et absolutiste qui faisait le fond de cette autocratie que Louis XIV devait porter à son paroxysme.

L’ogre ingérait tout ce qui se trouvait à portée de son appétit insatiable. L’Acadie, Plaisance, Kébecq, la Baie d’Hudson, le détroit, le pays des Illinois, la Nouvelle-Orléans, etc., on prit tout, comme un avare qui thésaurise, sans se préoccuper si on pourrait tout retenir. On était de son siècle en étant conquérant. De tout temps la vigne de Naboth sollicita la cupidité même des Achabs gorgés. Les soldats allaient de l’avant, plongeant toujours dans l’inconnu, toujours inassouvis de conquêtes, disséminant, ici et là, en cours de route, quelques laboureurs poitevins ou saintongeais qui, las bientôt de l’échinante corvée féodale, jetaient le manche après la cognée et, animés par l’exemple, devenaient à leur tour, dévastateurs : coureurs de bois, trappeurs, traiteurs, etc,.

Éparpillés ainsi aux quatre coins du continent, cette poignée d’aventuriers, pour garder tant de contrées, n’avaient, à leur disposition, que quelques régiments, arrachés à la parcimonie du Ministre, et les miliciens recrutés chez les colons.

Les Anglais, eux, échelonnés le long du littoral de l’Atlantique, étaient, avant tout, des commerçants qui se souciaient assez peu de pénétrer à l’intérieur. Ils étaient, sur le continent, restés insu-