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Page:Massé - Mena’sen, 1922.djvu/71

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des aptitudes toutes particulières, les ennemis irréductibles des Bastonnais, les considérant comme des usurpateurs qui empiétaient sur leurs territoires de chasse.

À guerroyer ainsi sans relâche, ils se voyaient décimer et Taksous, le plus prévoyant de leurs chefs, avait même résolu de conclure une paix permanente avec Schuyler. Mais la paix qui eût certes accommodé la colonie eut, d’un autre côté, décuplé la prospérité des établissements anglais ; alors Ononthio parla à ses frères…

Volontiers, les sauvages se payaient de mots. Mille fois trompés, dupés, bernés, invariablement ils se laissaient prendre et reprendre à la glu des longs discours bourrés de métaphores, replets d’allégories. Au besoin, quelques présents appropriés venaient donner le coup de grâce aux dernières résistances, un baril de poudre, une outre d’eau-de-vie, quelques bons fusils de Tulle, des étoffes voyantes, de la bimbeloterie, de la camelote, de la pacotille, toutes choses que prisaient fort ces enfants naïfs et curieux. Quelques aunes d’escarlatine instiguaient, au moment de défaillir, leur ardeur belliqueuse, tout comme la capa du chulo agresse le taureau du cirque.

C’est à la fin du dix-septième siècle que, à la sollicitation de Monsieur de Callières, Marguerite Hertel, seigneuresse Crevier de Saint-François, concéda aux Abénaquis, une demi-lieue de front du fief, « à prendre au bout d’en haut du dit fief, des deux « côtés de la rivière, sur toute la profondeur d’icelui, avec isles et islets etc. », excepté ceux que la donataire déclarait distraire et se réserver pour elle, ses hoirs et ayants cause. Vers la même époque, Laurent Philippe, seigneur de Pierreville, fief dépendant de