fond jettera Werther et Charlotte, en pâmoison, dans les bras l’un de l’autre, après cette lecture palpitante des vers d’Ossian :
« Pourquoi m’éveilles-tu, souffle du printemps ? Tu me caresses et dis : Je suis chargé de la rosée du ciel, mais le temps approche où je dois me flétrir ; l’orage qui doit abattre mes feuilles est proche. Demain viendra le voyageur ; son œil me cherchera partout, et il ne me trouvera plus,… »
Et Gœthe d’ajouter :
« Le malheureux Werther se sentit accablé de toute la force de ces mots; il se renversa devant Charlotte, dans le dernier désespoir.
« Il sembla à Charlotte qu’il lui passait dans l’âme un pressentiment du projet affreux qu’il avait formé. Ses sens se troublèrent, elle lui serra les mains, les pressa contre son sein ; elle se pencha vers lui avec attendrissement et leurs joues brûlantes se touchèrent. »
Tant de passion délirante et extatique me fit monter les larmes aux yeux.
Les émouvantes scènes, les passionnants tableaux que cela devait donner ! C’était Werther ! C’était mon troisième acte.
La vie, le bonheur m’arrivaient. C’était le travail apporté à la fiévreuse activité qui me dévorait, le travail qu’il me fallait et que j’avais à placer, si possible, au diapason de ces touchantes et vives passions !
Les circonstances voulurent, cependant, que je fusse momentanément éloigné de ce projet d’ouvrage. Carvalho m’avait proposé Phœbé, et les hasards m’amenèrent à écrire Manon.