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MES SOUVENIRS
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Ces craintes n’étaient que trop justifiées par les doutes dont j’ai déjà parlé, et si Catulle Mendès eût assisté, par la suite à nos répétitions, il aurait, par là même, rendu grand service.

Elle est unique la reconnaissance que je garde à ces admirables artistes : Bréval, Arbell, Muratore, Gresse ! Ils combattirent avec éclat et leurs talents pouvaient faire croire à un bel ouvrage.

Souvent on forma le projet de réagir. Je remercie de cette pensée, sans lendemain, MM. Messager et Broussan.

J’avais écrit un important morceau d’orchestre (rideau baissé) pour accompagner le combat victorieux des singes des forêts de l’Inde contre l’armée héroïque de Bacchus. Je m’étais amusé à réaliser, je le crois du moins, au milieu des développements symphoniques, les cris des terribles chimpanzés armés de blocs de pierre qu’ils précipitaient du haut des rochers.

Les défilés des montagnes ne portent décidément pas bonheur. Les Thermopyles ! Roncevaux ! Le paladin Roland comme Léonidas l’apprirent à leurs dépens. Toute leur vaillance n’y put rien.

Que de fois, en écrivant ce morceau, j’allai étudier les moeurs de ces mammifères, au Jardin des Plantes ! Je les aimais, ces amis, eux dont a si mal parlé Schopenhauer en disant que si l’Asie a les singes, l’Europe a les Français ! Peu aimable pour nous, l’Allemand Schopenhauer !

Longtemps avant qu’on se décidât, après maintes discussions, à laisser Bacchus entrer en répétitions (il ne devait passer, en fin de saison, qu’en 1909),