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MES DISCOURS
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même dans sa dégénérescence, la plus raffinée, la plus subtile de l’époque présente. On sait ce qu’il ajouta d’honneur au patrimoine de sa patrie d’adoption.

En 1882, il entre à l’Académie, comme porté par Denys d’Halicarnasse lui-même, encore un de ses amis fort anciens.

Faut-il citer ses Études sur le drame antique, celles sur l’Antiquité grecque, sa longue collaboration au Journal des savants et à la Revue des études grecques ?

Ainsi il arriva jusqu’aux dernières limites de sa vie, toujours souriant et affectueux. Quand son corps affaibli semblait ne plus pouvoir le porter, son cerveau restait lumineux et il suffisait de lui parler de la chère Grèce ou de nouveaux papyrus découverts ici ou là, pour le voir se dresser tout aussitôt, l’œil animé. Ah ! pour l’amour du grec, qu’on l’eût alors volontiers embrassé et couronné de roses, le doux vieillard, qui s’éteignit, un soir, comme un souffle, au milieu des odes légères d’Anacréon.

Puis ce fut le tour de M. d’Arbois de Jubainville, qui nous quitta également dans un âge fort avancé, puisqu’il était né à Nancy en 1827. Fils d’avocat, il ne trouve sa vocation qu’à l’École des Chartes d’où il sort le premier en 1851 avec une thèse qui fait quelque bruit : Recherches sur la minorité et ses effets sur le droit féodal.

C’en était fait ! Dès 1852 il est archiviste du département de l’Aube et, dans la solitude des faubourgs de Troyes, il entreprend la série des admirables travaux qui remplirent son existence. Ce qui l’intéresse