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dans cette faible retraite, laissant dehors leurs chaudières qu’ils avaient mises sur le feu pour préparer leur repas. Après les huées et les salves de fusils de part et d’autre, un capitaine onnontageronon avança sans armes jusqu’à la portée de la voix pour demander quelles gens étaient dans ce fort, et ce qu’ils venaient faire. On lui répond que ce sont des Français, Hurons, et Algonquins au nombre de cent hommes, qui venaient au-devant des Nez-Percés. Attendez, réplique l’autre, que nous tenions conseil entre nous, puis je viendrai vous revoir ; cependant ne faites aucun acte d’hostilité, de crainte que vous ne troubliez les bonnes paroles que nous portons aux Français à Montréal. Retirez-vous donc, dirent les nôtres, à l’autre bord de la rivière, tandis que nous parlementerons de notre part. Ils désiraient cet éloignement de l’ennemi, pour avoir la liberté de couper des pieux, afin de fortifier leur palissade. Mais tant s’en faut que les ennemis allassent camper de l’autre côté, qu’au contraire ils commencèrent à dresser une palissade vis-à-vis de celle de nos gens, qui, à la vue des ouvriers, ne laissèrent pas de se fortifier le plus qu’ils purent, entrelaçant les pieux de branches d’arbres et remplissant le tout de terre et de pierres à hauteur d’homme, en sorte néanmoins qu’il y avait des meurtrières à chaque pieu gardées par trois fusiliers. L’ouvrage n’était pas encore achevé que l’ennemi vint à l’assaut. Les assiégés se défendirent vaillamment, tuèrent et blessèrent un grand nombre d’Iroquois sans avoir perdu un seul homme. La frayeur qui se mit dans le camp de l’ennemi leur fit prendre la fuite à tous, et les nôtres s’estimaient déjà heureux de se voir quittes à si bon marché. Quelques jeunes gens sautèrent la palissade pour couper la tête au capitaine Sonnontatonan, qui venait d’être tué, et l’érigèrent en trophée au bout d’un pieu sur la palissade. Les ennemis étant revenus de la frayeur extraordinaire dont ils avaient été saisis, se rallièrent et, durant sept jours et sept nuits entières grêlèrent nos gens de coups de fusils. Durant ce