Page:Maupassant - À propos du divorce, paru dans Le Gaulois, 27 juin 1882.djvu/4

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amoureuses ne se révolteront-elles pas à l’idée du sourire du précédent époux, de ses pensées secrètes, de ses souvenirs, et même du regard plein d’anciens secrets qu’il peut échanger avec sa compagne de la veille s’il la rencontre à notre bras ?

Nous apportons en ces questions une délicatesse si exagérée, que bien peu d’hommes consentiraient à prendre pour femme une jeune fille, s’ils apprenaient qu’elle eut déjà une légère amourette, une petite intrigue anodine.

De là l’éducation étroite, étouffante, des filles en France, si différente de l’éducation des Anglaises et des Américaines, qui flirtent à outrance jusqu’à la découverte de l’épouseur qui ne s’inquiète jamais des baisers cueillis par d’autres avant lui sur ces lèvres qui vont lui appartenir d’une façon définitive.

Mais, si nous n’admettons pas que la jeune fille ait seulement été effleurée par la pensée d’un autre homme, comment consentirons-nous à prendre une femme notoirement entamée par un