Page:Maupassant - Étretat, paru dans Le Gaulois, 20 août 1880.djvu/6

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est l’une des physionomies de cette aimable plage.

Grande, brune à l’excès, le nez busqué, fuyant par une chute rapide sous un binocle impérieux, Mme M… a certains amis dévoués que lui vaut son cœur excellent, et bon nombre d’ennemis qu’elle doit à son esprit caustique.

Jadis reine municipale de ce petit bourg, elle dominait dans le conseil et à la mairie ; améliorant, réformant, modifiant, transformant, luttant héroïquement contre la routine, tandis que son mari, architecte de grand mérite et homme d’esprit par surcroît, traçait le plan d’un Étretat nouveau, fait de marbre et de porphyre.

Hélas nous vivons en des temps où les gouvernements les mieux intentionnés succombent sous l’ingratitude de leurs administrés. M. M… n’est plus maire ; Mme M… conserve dans sa retraite cette austère majesté qui n’appartient qu’aux souveraines déchues.

Elle n’aime point les femmes et ne s’en cache guère. Républicaine, cela va sans dire, elle fréquentait l’Olympe du faubourg Saint-Honoré et s’y trouvait comme chez elle.

Mme Grévy n’avait pas de secret pour Mme M…, et ses conseils étaient fort écoutés.

Toutefois elle paraît dégoûtée de la politique et ne parle de l’Élysée qu’avec une extrême réserve.

Son chalet, que presse amoureusement