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MES VINGT-CINQ JOURS.


JE venais de prendre possession de ma chambre d’hôtel, case étroite, entre deux cloisons de papier qui laissent passer tous les bruits des voisins ; et je commençais à ranger dans l’armoire à glace mes vêtements et mon linge quand j’ouvris le tiroir qui se trouve au milieu de ce meuble. J’aperçus aussitôt un cahier de papier roulé. L’ayant déplié, je l’ouvris et je lus ce titre :

MES VINGT-CINQ JOURS.


C’était le journal d’un baigneur, du dernier occupant de ma cabine, oublié là à l’heure du départ.

Ces notes peuvent être de quelque intérêt pour les gens sages et bien portants qui ne quittent jamais leur demeure. C’est pour eux que je les transcris ici sans en changer une lettre.

« Châtel-Guyon, 15 juillet.

Au premier coup d’œil, il n’est pas gai, ce pays. Donc, je vais y passer vingt-cinq jours pour soigner mon foie, mon estomac et maigrir un peu. Les vingt-cinq jours d’un baigneur ressemblent beaucoup aux vingt-huit jours d’un réserviste ; ils ne sont faits que