Page:Maupassant - Boule de suif, OC, Conard, 1908.djvu/298

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Le lieutenant dit quelques mots, et quatre hommes s’éloignèrent sans bruit, pareils à des ombres.

Soudain un cri de femme, aigu, monta dans la nuit. Deux prisonniers furent amenés : un vieillard et une enfant. Le lieutenant les interrogea toujours à voix basse.

— Votre nom ?

— Pierre Bernard.

— Votre profession ?

— Sommelier du comte de Ronfi.

— C’est votre fille ?

— Oui.

— Que fait-elle ?

— Elle est lingère au château.

— Où allez-vous ?

— Nous nous sauvons.

— Pourquoi ?

— Douze uhlans ont passé ce soir. Ils ont fusillé trois gardes et pendu le jardinier ; moi, j’ai eu peur pour la petite.

— Où allez-vous ?

— À Blainville.

— Pourquoi ?

— Parce qu’il y a là une armée française.

— Vous connaissez le chemin ?

— Parfaitement.

— Très bien ; suivez-nous.

On rejoignit la colonne, et la marche à travers