Page:Maupassant - Boule de suif.djvu/111

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cinquième acte d’une pièce à succès. Il fallait changer ses effets.

Et puis après, oh ! mon Dieu ! après ! c’était le plus dur ! Non, il ne changeait pas ses effets, le pauvre garçon ! Quel bon garçon, mais banal !…

Dieu, que c’était difficile de se déshabiller sans femme de chambre ! Pour une fois, passe encore, mais toutes les semaines cela devenait odieux ! Non, vrai, un homme ne devrait pas exiger d’une femme une pareille corvée ! Mais s’il était difficile de se déshabiller, se rhabiller devenait presque impossible et énervant à crier, exaspérant à gifler le monsieur qui disait, tournant autour d’elle d’un air gauche : — Voulez-vous que je vous aide ? — L’aider ! Ah oui ! à quoi ? De quoi était-il capable ? Il suffisait de lui voir une épingle entre les doigts pour le savoir.

C’est à ce moment-là peut-être qu’elle avait commencé à le prendre en grippe. Quand il disait : « Voulez-vous que je vous aide ? » elle l’aurait tué. Et puis était-il possible qu’une femme ne finît point par détester un homme qui, depuis deux ans, l’avait forcée plus de cent vingt fois à se rhabiller sans femme de chambre ?

Certes il n’y avait pas beaucoup d’hommes aussi maladroits que lui, aussi peu dégourdis, aussi monotones. Ce n’était pas le beau baron de Grimbal qui aurait demandé de cet air niais : « Voulez-vous que je vous aide ? » Il aurait aidé, lui, si vif, si drôle, si spirituel. Voilà ! C’était un diplomate ; il avait couru le monde, rôdé partout, déshabillé et rhabillé sans doute des femmes vêtues suivant toutes les modes de la terre, celui-là !…

L’horloge de l’église sonna les trois quarts. Elle se