Page:Maupassant - Choses du jour, paru dans Le Gaulois, 28 décembre 1881.djvu/5

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femmes ». Ce que le diplomate traduit quelquefois par : « Tout pour les femmes ».

Et dans chaque capitale nous entretenions — d’une façon insuffisante, il est vrai, pour leurs fonctions — un essaim d’élégants jeunes hommes à qui l’ambassadeur répétait sans cesse comme un vieux général encourageant des conscrits : « Séduisez, messieurs, séduisez ! Suivez les vieilles traditions : imitez l’exemple de notre maître à tous, le duc de Richelieu ».

Et on séduisait, morbleu, on séduisait ferme. Tous les secrets de cabinet devenaient des secrets d’alcôve, et réciproquement. Les traditions de galanterie ne se perdaient certes pas, et la France marchait en tête des puissances dans le cœur de belles étrangères.

Personne ne songeait à s’en plaindre.



Or, voilà qu’un de nos représentants envoyés en Orient, dans un des postes les plus difficiles, en un pays où tout le monde est véreux, où tout se paie, où tout s’achète, où tout se fait par ruse, découvre, trouvaille de génie digne du vieux Talleyrand, cet admirable ménage