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CE COCHON DE MORIN

Je balbutiai : « Mais… non… madame. »

— « Henriette Bonnel. »

— « Ah ! » — Et je me sentis devenir pâle.

Elle semblait parfaitement à son aise, et souriait en me regardant.

Dès qu’elle m’eut laissé seul avec son mari, il me prit les mains, les serrant à les broyer : « Voici longtemps, cher monsieur, que je veux aller vous voir. Ma femme m’a tant parlé de vous. Je sais… oui, je sais en quelle circonstance douloureuse vous l’avez connue, je sais aussi comme vous avez été parfait, plein de délicatesse, de tact, de dévouement dans l’affaire… » Il hésita, puis prononça plus bas, comme s’il eût articulé un mot grossier : « … Dans l’affaire de ce cochon de Morin. »