Page:Maupassant - Contes du jour et de la nuit 1885.djvu/170

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la saisit, marcha encore, rencontra le lit, le palpa et sentit dedans le corps chaud de sa femme.

Alors, affolé de rage, il grogna :

— Ah ! t’étais là, saleté, et tu n’ répondais point.

Et, levant la chaise qu’il tenait dans sa poigne robuste de matelot, il l’abattit devant lui avec une furie exaspérée. Un cri jaillit de la couche ; un cri éperdu, déchirant. Alors il se mit à frapper comme un batteur dans une grange. Et rien, bientôt, ne remua plus. La chaise s’envolait en morceaux ; mais un pied lui restait à la main, et il tapait toujours, en haletant.

Puis soudain il s’arrêta pour demander :

— Diras-tu qui qu’ c’était, à c’t’ heure ?

Mélina ne répondit pas.

Alors, rompu de fatigue, abruti par sa violence, il se rassit par terre, s’allongea et s’endormit.

Quand le jour parut, un voisin, voyant sa