Page:Maupassant - Gustave Flaubert d’après ses lettres, paru dans Le Gaulois, 6 septembre 1880.djvu/13

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étant de plus en plus affamé de la perfection. Mais c’est peut-être moi qui ai tort. »

Cet aperçu très rapide de sa vie permet cependant de tirer une moralité.

Quand un artiste se met à l’œuvre, il a toujours une ambition secrète étrangère à l’art. C’est la gloire qu’on poursuit d’abord, la gloire rayonnante, qui vous place vivant dans une apothéose, fait tourner les têtes, battre les mains, et captive les cœurs des femmes. Plaire aux femmes ! voilà aussi le désir furieux de presque tous. Pouvoir, par la toute-puissance du génie, être dans Paris comme le sultan d’un harem immense ; cueillir à droite, cueillir à gauche, dans les salons du monde ou les loges des théâtres, ces fruits de chair vivante dont nous sommes sans cesse affamés. Ne connaître point d’obstacle ; et, quand un laquais a lancé devant vous votre nom d’une voix retentissante, chercher laquelle on choisira parmi toutes ces créatures charmantes dont