Page:Maupassant - La Main gauche, Ollendorff, 1899.djvu/140

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On venait d’enterrer la femme du colonel de Limousin. Elle s’était noyée deux jours auparavant, en prenant un bain.

C’était fini, le clergé était parti, mais le colonel, soutenu par deux officiers, restait debout devant le trou au fond duquel il voyait encore le coffre de bois qui cachait, décomposé déjà, le corps de sa jeune femme.

C’était presque un vieillard, un grand maigre à moustaches blanches qui avait épousé, trois ans plus tôt, la fille d’un camarade, demeurée orpheline après la mort de son père, le colonel Sortis.

Le capitaine et le lieutenant sur qui s’appuyait leur chef essayaient de l’emmener. Il résistait, les yeux pleins de larmes qu’il ne laissait point couler, par héroïsme, et, murmurant, tout bas : «  Non, non, encore un peu  », il s’obstinait à rester là, les