Page:Maupassant - La Main gauche, Ollendorff, 1899.djvu/194

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suçoirs autour du manche du trident. C’était une pieuvre.

Il approcha de moi cette proie, et je distinguai les deux gros yeux du monstre qui me regardaient, des yeux saillants, troubles et terribles, émergeant d’une sorte de poche qui ressemblait à une tumeur. Se croyant libre, la bête allongea lentement un de ses membres dont je vis les ventouses blanches ramper vers moi. La pointe en était fine comme un fil, et dès que cette jambe dévorante se fut accrochée au banc, une autre se souleva, se déploya pour la suivre. On sentait là-dedans, dans ce corps musculeux et mou, dans cette ventouse vivante, rougeâtre et flasque, une irrésistible force. Trémoulin avait ouvert son couteau, et d’un coup brusque, il le plongea entre les yeux.

On entendit un soupir, un bruit d’air qui