Page:Maupassant - La Vie errante.djvu/103

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rouges sont étranges dans la mer bleue. Voici le petit détroit qui sépare les deux îles. Le cône du Volcano sort des flots, comme un volcan noyé jusqu’à sa tête.

C’est un îlot sauvage, dont le sommet atteint environ quatre cents mètres et dont la surface est d’environ vingt kilomètres carrés. On contourne, avant de l’atteindre, un autre îlot, le Volcanello, qui sortit brusquement de la mer vers l’an 200 avant J.-C. et qu’une étroite langue de terre, balayée par les vagues aux jours de tempête, unit à son frère aine.

Nous voici au fond d’une baie plate, en face du cratère qui fume. À son pied, une maison habitée par un Anglais qui dort, parait-il, en ce moment, sans quoi je ne pourrais gravir le volcan que cet industriel exploite ; mais il dort, et je traverse un grand jardin potager, puis quelques vignes, propriété de l’Anglais, puis un vrai bois de genêts d’Espagne en fleur. On dirait une immense écharpe jaune, enroulée autour du cône pointu, dont la tête aussi est jaune, d’un jaune aveuglant sous l’éclatant soleil. Et je commence à monter par un étroit sentier qui serpente dans la cendre et dans la lave, va, vient et revient, escarpé, glissant et dur. Parfois, comme on voit