Page:Maupassant - La Vie errante.djvu/115

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cet ouragan et nous demandons l’hospitalité pour la nuit. Les hommes se relèvent, allument du feu et nous cèdent deux maigres paillasses qui semblent ne contenir que des puces. Toute la cabane frissonne et tremble sous les secousses de la tempête, et l’air passe avec furie par les tuiles disjointes du toit.

Nous ne verrons pas le lever du soleil sur le sommet de la montagne.

Après quelques heures de repos sans sommeil, nous repartons. Le jour est venu et le vent se calme.

Autour de nous s’étend maintenant un pays noir et vallonné, montant doucement vers la région des neiges qui brillent, aveuglantes, au pied du dernier cône, haut de 300 mètres.

Bien que le soleil s’élève au milieu d’un ciel tout bleu, le froid, le cruel froid des grands sommets, nous engourdit les doigts et nous brûle la peau. Nos mulets, l’un derrière l’autre, suivent lentement le sentier tortueux qui contourne toutes les fantaisies de la lave.

Voici la première plaine de neige. On l’évite par un crochet. Mais une autre la suit bientôt, qu’il faut traverser en ligne droite. Les bêtes hésitent, la tâtent du pied, s’avancent avec pré-