Page:Maupassant - La Vie errante.djvu/176

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nières pluies, un pont trop petit, qui n’a pu laisser passer la masse d’eau venue de la montagne. Nous descendons à grand-peine dans le ravin, et la voiture, remontée de l’autre côté, reprend la belle route, une des principales artères de la Tunisie, comme on dit dans le langage officiel. Pendant quelques kilomètres, nous pouvons trotter encore, jusqu’à ce qu’on rencontre un autre petit pont qui a cédé également sous la pression des eaux. Puis un peu plus loin, c’est au contraire le pont qui est resté, tout seul, indestructible, comme un minuscule arc de triomphe, tandis que la route, emportée des deux côtés, forme deux abîmes autour de cette ruine toute neuve.

Vers midi, nous apercevons devant nous une construction singulière. C’est, au bord de la route presque disparue déjà, un large pâté d’habitations soudées ensemble, à peine plus hautes que la taille d’un homme, abritées sous une suite continue de voûtes dont les unes, un peu plus élevées, dominent et donnent à ce singulier village l’aspect d’une agglomération de tombeaux. Là-dessus courent, hérissés, des chiens blancs qui aboient contre nous.

Ce hameau s’appelle Gorombalia et fut fondé